Analyse

À 16h, le même jour, un communiqué du SCPRI affirmait qu’il n’y avait « toujours aucune élévation significative de la radioactivité sur l’ensemble des stations du territoire ». Le journaliste à l’AFP Serge Berg est un des destinataires du communiqué. D’après un documentaire et un article d’Arrêt sur images, ce dernier apprend à 17h qu’un chercheur de Monaco aurait relevé de la radioactivité dans la région. Serge Berg informe le Prof. Pellerin, qui publie son bref communiqué à minuit précises. 

Pour le physicien Bernard Lerouge (2009), l’absence de chiffres dans les premiers communiqués du SCPRI pourrait s’expliquer par le temps nécessaire au rassemblement, au contrôle et à la mise en forme des données. Serge Prêtre, responsable suisse de la radioprotection dans les centrales nucléaires au moment de l’accident, établit un constat plus sévère (2005) : « Le SCPRI était avare de communication. Ses communiqués de presse étaient laconiques, tranquillisants et donnaient des valeurs moyennes sans aucune indication géographique.  […] Tout se passait comme si, par décision de principe, les informations sur la radioactivité ambiante ne seraient divulguées que sous forme interprétée. Ceci dit, le jugement scientifique du Pr Pellerin était correct et fut confirmé par la suite. »

À noter que la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) et l’association française des maladies de la thyroïde se sont portées parties civiles en 2006, accusant le Prof. Pellerin « d’avoir fourni des informations inexactes sur l’ampleur et la gravité pour la France des retombées radioactives produites par l’explosion du réacteur de Tchernobyl en Ukraine en avril 1986. D’après ces associations, en minimisant la gravité des taux de radioactivité sur le territoire, il aurait mis en danger des personnes qui ont par la suite souffert de cancers radio-induits, dont des cancers de la thyroïde. » explique Le Figaro (2012). Il a été reconnu innocent par la Cour de cassation, laquelle précise qu’en « l’état des connaissances scientifiques actuelles, [il était] impossible d’établir un lien de causalité certain entre les pathologies constatées et les retombées du panache radioactif de Tchernobyl ».

M. Serge Berg

Communiqué du SCPRI

AFP

30 avril 1986


Ressources

Yves Miserey

Tchernobyl : les leçons d’un cafouillage Français

Le Figaro

26 mai 2005

Bernard Lerouge

Tchernobyl, un «nuage» passe: Les faits et les controverses

Harmattan

2009

Cyrille Vanlerberghe

Affaire de Tchernobyl : le professeur Pellerin innocenté

Le Figaro

20 novembre 2012

Loris Guémart

Nuage de Tchernobyl : « mensonge d’État » ou « mythe increvable » ?

Arrêt sur images

30 avril 2021