Analyse

Pour Jean-François Bron (2021), la première phrase « est très clairement fausse. Le nuage a bien survolé la France et des radionucléides se sont déposés au sol. » Surtout, elle est en totale contradiction avec la deuxième, qui confirme « les hausses de la radioactivité et donc le passage du panache sur une partie de la France. »

La suite du communiqué plaide pour la mise en place d’une procédure uniforme de contrôle des denrées à l’échelle de la CEE. Des mesures d’interdiction ou de restriction de la consommation de certaines denrées alimentaires sont effectivement prises de façon anarchique par les différents pays européens. Certaines de ces mesures sont plus motivées par le protectionnisme ou la politique intérieure que par la santé publique. 

Ce texte est une des très rares communications du gouvernement à cette date. Le 1er mai tombant un jeudi, la plupart des membres de la majorité nouvellement élue ont rejoint leurs circonscriptions. Administrations et ministères se vident. Certains télex envoyés par le SCPRI ne parviennent pas car personne n’est là pour changer les rouleaux de papier (Lerouge, 2008) ! Le professeur Pellerin et son service (un des seuls organismes, à l’époque, à savoir évaluer le risque radiologique) se retrouvent à assurer la communication alors que leur rôle est avant tout technique, et non politique.

Maladresse ou volonté de jouer sur la confusion entre passage du « nuage radioactif » et absence alléguée de toxicité ? L’idée d’un « mensonge d’État » sur le nuage de Tchernobyl qui s’arrête à la frontière se nourrit, en tout cas, du silence et de l’ambiguïté des autorités, comme c’est souvent le cas pour les récits complotistes.

Communiqué de presse du Ministère
de l’Agriculture

6 mai 1986


Ressources

Bernard Lerouge

Tchernobyl, un «nuage» passe: Les faits et les controverses

Harmattan

2009

François-Marie Bréon

Le nuage de Tchernobyl qui s’arrête à la frontière : une fable sans cesse réitérée

afis science

22 mars 2021