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Analyse

En présentant une salade à la frontière franco-allemande, Corinne Lalo fait référence aux mesures prises par certains pays comme l’Allemagne de l’Ouest pour prévenir tout risque lié au passage du « nuage » de Tchernobyl.

Les médias français commenteront largement ces mesures dès le 2 mai 1986. Au début, ils se montrent critiques. On compare effectivement ces mesures à la faiblesse des risques encourus et on les attribue au contexte politique plutôt que sanitaire. En RFA, par exemple, la cacophonie des mesures s’explique, pour les médias français, par l’organisation fédérale du pays. Pour Le Figaro, « la dramatisation de la situation est nourrie par la perspective prochaine d’élections régionales au cours desquelles les sociaux-démocrates et surtout les Verts entendent capitaliser l’inquiétude à l’égard du nucléaire qui a été amplifiée par la catastrophe soviétique. » comme l’explique Yann Kindo, auteur d’une synthèse sur le traitement par Le Figaro de l’accident de Tchernobyl. En Italie, le gouvernement est marqué par le récent scandale du vin au méthanol, où il a tardé à agir.

Le ton change pourtant au fur et à mesure des jours. En RFA, la presse s’étonne de la totale absence de réactions et de mesures de précaution en France, comme le rapporte Le Monde dans son édition du 9 mai : « On n’est pas loin de penser dans certains milieux outre-Rhin que le gouvernement français cache la vérité pour n’avoir pas à remettre en cause son programme nucléaire civil et militaire ».

Côté français, on commence à s’interroger sur cette curieuse radioactivité « suffisamment intense pour créer un climat de panique à Kiehl, en R.F.A., où les salades sont retirées des étalages, mais [qui] ne parvient pas à franchir le pont qui, au-dessus du Rhin, mène à Strasbourg, pourtant distant de moins d’un kilomètre. (Le Figaro, 10 mai 1986) »