Analyse
Le quotidien fait référence à la prestation télévisée jugée ratée du professeur Pellerin au JT de 13h sur TF1, face au journaliste Jean-Claude Bourret, et la physicienne Monique Sené, connue pour son opposition au nucléaire. Le professeur Pellerin y commente une série de cartes et indique, qu’en certains endroits, la radioactivité atmosphérique a atteint ponctuellement un taux 400 fois supérieur à la normale. Ce chiffre retiendra l’attention des médias. Il contraste effectivement avec le ton mesuré des communiqués du SCPRI. À Jean-Claude Bourret, qui s’étonne qu’aucune donnée chiffrée officielle n’ait été donnée depuis l’incident, le professeur Pellerin répond : « Tout simplement parce qu’il y a eu deux ponts en deux semaines, et qu’il est très compliqué de transmettre les résultats ! » (Ambroise-Rendu, 2018)
L’ensemble des médias (à quelques exceptions près) partage le ton de Libération, et affirme que les pouvoirs publics ont caché le passage du « nuage » aux Français. Pourtant, quelques jours plus tôt, ces mêmes médias s’appuyaient sur les informations du SCPRI pour affirmer sans ambiguïté que le panache de Tchernobyl avait bien survolé la France.
Les pages intérieures sont toutefois plus nuancées, proposant des critiques constructives et des explications basées sur la science qui manquaient, sans doute, jusque-là.
Exemple dans cet extrait du Monde du 13 mai 1986 :
« Le gouvernement français n’a pas assumé sa responsabilité alors qu’elle était légère : il suffisait au ministère de la santé, premier responsable de la protection contre la radioactivité, de diffuser quotidiennement les informations recueillies par son service spécialisé, le SCPRI (Service central de protection contre les rayonnements ionisants). D’autant que les conclusions des prélèvements semblent être rassurantes. Or on a laissé le directeur du SCPRI, le professeur Pierre Pellerin, seul maître de la communication, bien que son service ne soit pas conçu pour informer le public. Et le professeur Pellerin a fait l’erreur de retenir l’information sous prétexte que la santé des Français n’aurait pas été en cause. »
Le 11 mai la création d’une structure interministérielle d’information, chargée d’informer les journalistes puis le grand public, est annoncée par le gouvernement.
Une du journal Libération
Libération
12 mai 1986
Ressources
Désinformation nucléaire
Le Monde
13 mai 1986
Anne-Claude Ambroise-Rendu
La catastrophe écologique de Tchernobyl : les régimes de fausseté de l’information
Dans Le Temps des médias (n° 30), pages 152 à 173
2018